Des drones pour lutter contre le plus grand tueur de l’humanité

Felix Freese
Felix Freese

Les moustiques qui transmettent des maladies comme la malaria (paludisme) et la fièvre jaune ont fait davantage de morts que toutes les guerres prises ensemble. La malaria continue d’être l’une des causes de décès les plus fréquentes chez les enfants de moins de cinq ans. Toutes les deux minutes, un enfant de moins de cinq ans meurt dans le monde de la malaria. Rien qu’au Malawi, l’un des pays les plus pauvres du monde, il y a chaque année plus de quatre millions de cas de malaria.

Le changement climatique touche directement plus de 17 millions d’habitants au Malawi, car il s’accompagne de cyclones et d’inondations. Des maisons sont détruites, des champs cultivés sont noyés sous des masses d’eau. Ce qui est dévastateur pour les humains se transforme en une zone de prolifération des moustiques incontrôlable. En collaboration avec le gouvernement du Malawi, l’UNICEF travaille activement à l’éradication de la malaria. Le Malaria Control Program améliore l’accès aux médicaments antipaludiques et soutient les mesures de prévention afin de maîtriser la propagation des moustiques.

Ces programmes de lutte contre la transmission de la maladie existent depuis des décennies. A part les produits antimoustiques, ce sont surtout les moustiquaires qui empêchent les piqûres. Une autre approche est la lutte contre la propagation des moustiques. Dans ce cas, l’attention se porte sur les gîtes larvaires des moustiques. Les femelles des moustiques pondent leurs œufs dans un milieu aquatique. Si l’on connaît l’endroit exact, il est possible de combattre la reproduction à l’aide de produits chimiques. Alors que la recherche des gîtes larvaires est facile durant la saison sèche, elle se complique durant la saison des pluies.

Malawi 2018
Un spécialiste des drones de l’UNICEF montre à un médecin de village comment manier un drone. © UNICEF Malawi/2018/Andrew Brown

L’approche que propose l’université de Liverpool et Lancaster est toute différente. Ce projet tire profit du potentiel des drones. Equipés d’appareils photo, ces derniers survolent une région et relèvent en les photographiant les gîtes larvaires potentiels. A cet effet, le gouvernement du Malawi et UNICEF Malawi ont ouvert en 2016 le premier couloir humanitaire réservé aux drones. La photo finale globale est analysée et les gîtes larvaires des moustiques peuvent être identifiés.

Malawi 2018
Patrick tient un drone utilisé pour cartographier les moustiques. © UNICEF Malawi/2018/Andrew Brown

Parallèlement, des études entomologiques sont effectuées au Malawi-Liverpool-Wellcome Trust Research Center. Ces analyses se concentrent sur la collecte d’échantillons d’eau afin d’identifier les larves de moustiques. Les points d’eau dans lesquels les échantillons sont prélevés sont définis géographiquement et déposés sur la grande photo prise par les drones. La combinaison des deux données permet de mieux comprendre la façon dont les gîtes larvaires des moustiques se répartissent et se propagent. A l’avenir, il sera possible d’identifier les gîtes larvaires des moustiques uniquement grâce aux photos prises par les drones. En intégrant les drones à son programme de lutte, le Malawi pourrait contrôler encore plus efficacement la propagation de la malaria.