Le manque de financement compromet la réinsertion des anciens enfants soldats

Au Soudan du Sud, 900 filles et garçons risquent, si l’aide n’arrive pas rapidement, d’être livrés à eux-mêmes après avoir été libérés par l’armée ou des groupes armés.

© UNICEF/UNI178986/Rich

A l’occasion de la Journée internationale de lutte contre le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats, l’UNICEF demande davantage de soutien pour la démobilisation et la réinsertion des filles et des garçons qui ont été enrôlés par l’armée ou des groupes armés. Au Soudan du Sud, l’aide indispensable apportée à ces enfants devra être suspendue le mois prochain si les moyens financiers nécessaires ne sont pas mis à disposition très rapidement. 

900 filles et garçons sont directement concernés: ils ont été inscrits en vue de leur libération et attendent de pouvoir retourner à une vie normale. S’ils ne reçoivent pas de soutien dans cette étape, les effets à long terme seront négatifs pour les enfants; de plus, la société tout entière risque d’être déstabilisée.

«Le mot ‚frustration‘ est insuffisant pour décrire ce que je ressens», c’est ainsi que s’exprime Mohamed Ag Ayoya, directeur de l’UNICEF au Soudan du Sud. «Les enfants ont été enregistrés, leur cas a été vérifié et ils sont sur le point d’être libérés. L’UNICEF a un programme performant qui a fait ses preuves pour la réinsertion de ces enfants. Mais nous n’avons pas les moyens nécessaires pour poursuivre ce travail important. Au nom des enfants, je dois absolument parler de cette situation inacceptable. Ils souhaitent commencer une nouvelle vie et retrouver leur enfance.»

L’exploitation des filles et des garçons recrutés comme soldats est une grave violation des droits de l’enfant. Le nombre exact des filles et des garçons concernés n’est pas connu car généralement, leur recrutement ne peut pas être documenté officiellement. Selon les estimations, le nombre des enfants concernés dans le monde pourrait atteindre 250 000. Les Nations Unies publient chaque année un rapport sur les violations des droits humains graves à l’endroit d’enfants dans les conflits armés; le rapport cite des chiffres pour les enfants dont le recrutement a été attesté.

Ainsi, rien qu’en 2018, 453 recrutements d’enfants ont été confirmés au Soudan du Sud, dont près de 20 pour cent de filles. Mais le nombre des enfants qui s’échappent de l’armée ou des groupes armés ou sont démobilisés sans pouvoir être enregistrés nulle part est beaucoup plus élevé.

Le sort très dur des filles recrutées par l’armée ou les groupes armés 

Les problèmes particuliers des filles recrutées par l’armée ou les groupes armés n’ont guère retenu l’attention jusqu’à maintenant. A part leur intervention dans les conflits armés comme combattantes, messagères, dans la logistique ou les transports, les filles sont employées comme cuisinières, porteuses, soignantes ou pour les travaux agricoles. Dans les cas extrêmes, on les force à commettre des attentats suicide.

Les filles recrutées sont exposées à une violence et à une exploitation massive, en particulier d’ordre sexuel. Leur santé et leur psychisme en portent des séquelles à vie. De surcroît, le recrutement entraîne aussi le rejet de la part de leur milieu de vie antérieur: la stigmatisation, la naissance d’un enfant illégitime suite à des abus sexuels, la supposition qu’elles se sont rendues coupables d’actes criminels et la possibilité d’une poursuite pénale entravent le retour à une vie normale.

Depuis 2015, l’UNICEF a soutenu au Soudan du Sud la libération et la réinsertion de 3 677 enfants. L’UNICEF espère que la formation probable d’un gouvernement unifié ce mois encore ainsi que des avancées supplémentaires dans le sens de la paix permettront de démobiliser davantage d’enfants; ils auront tous besoin d’une aide en vue de leur réinsertion. 

Un retour progressif à la vie normale

Le programme de réinsertion de trois ans coûte environ 2 000 dollars états-uniens par enfant. Ce programme inclut le soutien psychosocial, les possibilités d’apprentissage, le travail des assistants sociaux ainsi que la recherche des proches et le regroupement des familles. Depuis plus d’un an, le financement de ce programme est très insuffisant. 

Au total, l’UNICEF a besoin au Soudan du Sud de 4,2 millions de dollars états-uniens pour l’année en cours, afin de poursuivre le programme pour les enfants déjà démobilisés et de permettre l’admission de nouveaux enfants. Si le financement était suffisant, l’UNICEF pourrait en 2020 apporter son soutien au Soudan du Sud à 2 100 anciens enfants soldats, filles et garçons.

L’UNICEF demande en particulier au «Groupe d’amis pour les enfants dans les conflits armés» (dont font partie le Canada, l’UE, la France, l’Allemagne, la Norvège, la Suède, le Royaume-Uni et les Etats-Unis) de poursuivre ses efforts et de garantir l’avenir des enfants les plus menacés du Soudan du Sud et celui du pays entier.

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Journée internationale de lutte contre le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats 

Le 12 février, la Journée internationale de lutte contre le recrutement d’enfants soldats («Red Hand Day»/Journée de la main rouge) attire l’attention sur le sort des filles et des garçons qui sont exploités comme soldats  dans les guerres et les conflits armés. 

Dans le monde entier, à l’occasion du «Red Hand Day», d’innombrables personnes font un geste symbolique contre cette grave violation des droits de l’enfant sous la forme d’empreintes de mains rouges. Cette année, l’UNICEF attire tout particulièrement l’attention sur le sort des filles.

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