Les adolescentes continuent de subir de plein fouet l’épidémie de VIH

D’importantes lacunes demeurent en matière de dépistage et d’accès au traitement des enfants et des adolescents

© UNICEF/UNI221734/Gonzalez Farran
Veronica avec son plus jeune enfant, Mubarak, âgé de neuf mois. Veronica est séropositive, mais aucun de ses sept enfants ne l'est, car elle a suivi le programme de prévention de la transmission de la mère à l'enfant (PTME) depuis qu'elle a été diagnostiquée. Elle a été infectée par son deuxième mari en 2008.

Près de 98 000 adolescentes âgées de 10 à 19 ans ont été infectées par le VIH en 2022, soit 1 900 nouvelles infections chaque semaine, selon le tout dernier rapport de l’UNICEF intitulé Global Snapshot on Children with HIV and AIDS (Aperçu mondial de l’épidémie de VIH et de sida chez les enfants) publié la veille de la Journée mondiale du sida.

Bien que le nombre total d’infections chez les filles âgées de 10 à 19 ans ait presque diminué de moitié depuis 2010 – passant de 190 000 à 98 000 nouveaux cas par an – les filles présentaient encore en 2022 un risque de contracter le VIH deux fois supérieur à celui des garçons. Au niveau mondial, 270 000 nouveaux cas d’infection par le VIH ont été recensés l’année dernière parmi les enfants et les adolescents âgés de 0 à 19 ans, portant à 2,6 millions le nombre total de jeunes vivant avec le VIH.

« Il est inacceptable que les adolescentes, qui devraient être en train de préparer leur avenir, continuent de payer le plus lourd tribut au VIH », a déclaré Anurita Bains, Responsable adjointe de la Section VIH/sida à l’UNICEF. « Il est de notre responsabilité à tous, des Nations Unies aux communautés, en passant par les gouvernements et les organisations, d’éliminer les obstacles qui font du VIH une menace pour leur santé et leur bien-être. Il s’agit notamment de veiller à ce que la santé et les droits sexuels et reproductifs des adolescentes et des jeunes femmes soient respectés. »

Les filles continuent d’être en effet les principales victimes de l’épidémie de VIH, notamment en raison des inégalités de genre, qui les empêchent souvent d’avoir des rapports sexuels protégés, de la pauvreté, qui se traduit par l’éloignement des communautés des centres de santé, et du manque d’accès aux programmes de prévention du VIH et de santé sexuelle et reproductive.

En Afrique subsaharienne, la prévalence du VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 10 à 24 ans est toujours plus de trois fois supérieure à celle recensée chez leurs homologues masculins.

Les dernières données révèlent que c’est en Afrique de l’Est et australe que la tranche d’âge des 0-19 ans continue d’être la plus touchée par le VIH, devant les régions d’Afrique de l’Ouest et centrale, d’Asie de l’Est et du Pacifique, d’Amérique latine et des Caraïbes, et d’Asie du Sud.

Le rapport souligne en outre que les enfants et les jeunes adolescents sont confrontés à des inégalités considérables en matière d’accès au traitement par rapport aux adultes. En effet, dans le monde, près d’un million de personnes séropositives âgées de 0 à 19 ans ne reçoivent pas de traitement, plus de la moitié d’entre elles (environ 60 %) se trouvant en Afrique de l’Est et australe.

La lourdeur des processus de diagnostic chez les enfants, les procédures particulières en matière de dépistage chez les nourrissons, lesquelles ne sont pas toujours disponibles dans les pays à revenu faible et intermédiaire, et le manque de médicaments antirétroviraux adaptés aux groupes d’âge plus jeunes sont autant de raisons qui expliquent que seuls 57 % des enfants âgés de 0 à 14 ans infectés par le VIH reçoivent un traitement antirétroviral, contre 77 % des personnes âgées de 15 ans et plus.

Enfin, les progrès accomplis pour mettre fin au sida restent lents : à l’échelle mondiale, 99 000 enfants et adolescents âgés de 0 à 19 ans sont morts de causes liées à cette maladie en 2022, ce qui représente 15 % de l’ensemble des décès imputables au sida, alors que ce groupe d’âge ne représente que 7 % des personnes vivant avec le VIH.