Après 100 jours de guerre en Ukraine, 5,2 millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire

Au moins 262 enfants ont été tués et 415 blessés lors d’attaques perpétrées depuis le 24 février

Une petite fille pleure au moment où elle doit se séparer de son père afin de fuir Kharkiv dans un train spécial réservé à l’évacuation.
Ganna, 65 ans, serre contre elle son neveu Mikhailo (à droite), 9 ans, et sa meilleure amie Karolina, 9 ans elle aussi, qu’elle n’avait pas vus pendant plus d’un mois. Elle est à côté des décombres de la maison de Mikhailo à Novoselivka, en dehors de Tchernihiv.
Yaroslava (à gauche), 22 ans, et son frère Taras, 8 ans, examinent les dégâts subis par l’école no 18; avant la guerre, Yaroslava y travaillait comme enseignante et c’est ici que Taras allait à l’école. L’école qui était utilisée depuis le début de la guerre en Ukraine comme local de protection civile et poste de logistique a été bombardée le 3 mars et 13 personnes au moins ont été tuées.
Tente d’enfants dans un garage souterrain où des familles de la ville de Kharkiv, dans le Nord-Est du pays, ont cherché protection contre les frappes aériennes.
Viktoriia, 9 ans, dort avec sa mère et sa grand-mère dans une station de métro de Kharkiv, entourée de ses chats. 19 avril 2022
Un homme fait ses adieux à sa femme et à ses enfants avant que ces derniers soient évacués par train spécial. 20 avril 2022 à Kharkiv, Ukraine
Un ours en peluche est installé sur des sacs de sable qui ont été empilés pour servir de barrière de protection à Novoselivka, en dehors de Tchernihiv. Ce petit village a été au cœur de violents combats pendant plus d’un mois et la zone est presque entièrement détruite.

La guerre en Ukraine, qui a débuté il y a maintenant près de 100 jours, fait payer un lourd tribut aux enfants, semant la dévastation à une échelle et à une vitesse sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, a déclaré l’UNICEF aujourd’hui. Trois millions d’enfants en Ukraine et plus de 2,2 millions d’enfants supplémentaires réfugiés dans les pays d’accueil ont actuellement besoin d’une aide humanitaire. Près de deux enfants sur trois ont été déplacés en raison des combats. 

D’après les signalements vérifiés par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, l’Ukraine déplore en moyenne chaque jour plus de deux enfants tués et plus de quatre blessés, principalement lors d’attaques à l’arme explosive dans des zones habitées. Les infrastructures civiles dont dépendent les enfants continuent d’être endommagées ou détruites, dont, à ce jour, au moins 256 centres de santé et une des six écoles relevant du programme sur la sécurité dans les écoles soutenu par l’UNICEF dans l’est du pays. À ce bilan s’ajoutent des centaines d’établissements scolaires endommagés ailleurs sur le territoire. La situation des enfants est en outre de plus en plus préoccupante dans l’est et le sud de l’Ukraine, où les combats s’intensifient. 

« Le 1er juin, date de la Journée internationale de l’enfance, ne sera pas placé sous le signe de la célébration en Ukraine et dans la région, alors que le 3 juin marquera le 100e jour d’une guerre qui a brisé la vie de millions d’enfants », a déclaré Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF. « Sans cessez-le-feu immédiat et pourparlers de paix, les enfants d’Ukraine continueront de souffrir – tout comme les enfants vulnérables du monde entier qui pâtiront des retombées négatives de la guerre. » 

Cette guerre a provoqué une grave crise en matière de protection de l’enfance, avertit l’UNICEF. En effet, les enfants en fuite courent un risque élevé d’être séparés de leur famille et d’être victimes de violence, de maltraitance, d’exploitation sexuelle et de traite des êtres humains. La plupart d’entre eux ont vécu des événements profondément traumatisants. Si ces enfants, en particulier ceux qui ne sont pas accompagnés ou qui ont été séparés de leur famille, ont un besoin immédiat de sécurité, de stabilité, de services de protection de l’enfance et de soins psychosociaux, ils ont par-dessus tout besoin de paix.
Dans le même temps, la guerre et les déplacements de masse sont en train d’anéantir les moyens de subsistance et les possibilités économiques de nombreuses familles, qui n’ont plus un revenu suffisant pour satisfaire aux besoins élémentaires de leurs enfants et ne sont pas en mesure de leur offrir un soutien approprié.

L’UNICEF continue d’appeler à un cessez-le-feu immédiat en Ukraine et à la protection de tous les enfants, notamment contre l’utilisation d’armes explosives dans les zones habitées et contre les attaques visant les infrastructures civiles. L’organisation demande également qu’un plein accès humanitaire soit garanti afin d’apporter une aide rapide et sûre aux enfants dans le besoin, où qu’ils se trouvent.

L’UNICEF et ses partenaires œuvrent sur le terrain, en Ukraine et dans les pays voisins, pour fournir aux enfants et aux familles des services de protection de l’enfance, d’approvisionnement en eau et d’assainissement, de santé, de nutrition et d’éducation, entre autres interventions humanitaires.
En Ukraine, l’UNICEF et ses partenaires ont distribué des produits de santé et des fournitures médicales d’importance vitale à près de 2,1 millions de personnes dans les zones sinistrées ; assuré un accès à de l’eau potable à plus de 2,1 millions de personnes vivant dans les zones où les réseaux ont été endommagés ou détruits ; offert des services de santé mentale et de soutien psychosocial à plus de 610 000 enfants et personnes ayant la charge d’enfants ; et fait parvenir des fournitures scolaires à quelque 290 000 enfants. En outre, près de 300 000 familles ont pu s’inscrire au programme humanitaire d’aide en espèces mis en place par l’UNICEF et le Ministère ukrainien de la politique sociale.
Dans les pays d’accueil des réfugiés, l’UNICEF soutient les systèmes nationaux, municipaux et locaux qui assurent des services essentiels et veillent à la protection des enfants, en particulier des plus vulnérables. Cette démarche comprend une formation de lutte contre la traite des êtres humains à l’intention des gardes-frontières ; l’élargissement des possibilités d’apprentissage pour les enfants réfugiés et leur intégration dans les écoles ; l’achat de vaccins et de fournitures médicales ; et l’installation de centres permettant aux jeunes enfants de jouer et d’apprendre tout en retrouvant un semblant de normalité et d’apaisement. Vingt-cinq centres « Point bleu » coordonnés par l’UNICEF et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont ouvert leurs portes en Bulgarie, en Italie, en République de Moldova, en Pologne, en Roumanie et en Slovaquie. Ces centres d’accueil multiservices proposent un soutien aux familles le long des routes de migration les plus empruntées. En République de Moldova, plus de 52 000 réfugiés, principalement des familles dirigées par des femmes, ont bénéficié d’un programme d’aide en espèces à usages multiples mené conjointement par l’UNICEF et le HCR.

L’UNICEF a lancé un appel de 624,2 millions de dollars des États-Unis pour soutenir son action humanitaire en Ukraine et un appel de 324,7 millions de dollars É.-U. au titre de son intervention dans les pays d’accueil des réfugiés.